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Interview Antoine Larose

Un rêve devenu réalité. Arrivé discrètement à Annecy à 29 ans, Antoine Larose est passé du monde amateur à celui des pros grâce à son travail acharné et sa détermination. Ancien ouvrier en usine, il est désormais un joueur clé du FCA, prouvant qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves. Retour sur un parcours plein d’humilité et d’émotion.

Publié le
24 janv. 2025
J20
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Antoine, tu es l’un des chouchous du public du Parc des Sports, un titulaire quasi indiscutable sur le côté droit, arrivé discrètement à l’été 2023 en provenance de N2. Peux-tu nous parler de ton ascension ?

A.L : « C’est vrai qu’en arrivant de N2, le challenge était beau puisque le niveau entre les deux divisions est quand même conséquent. Il a fallu s’adapter, et j’ai eu besoin de temps parce qu’il y a ici des principes de jeu qui sont différents de ce qu’on peut voir ailleurs. Je me suis beaucoup intéressé aux vidéos, aux placements sur le terrain... J’ai également beaucoup échangé avec le coach et avec le capitaine Kashi. Quand on comprend tactiquement le système, cela nous donne un avantage. L’année dernière, c’était une saison d’apprentissage. Cette année, j’ai beaucoup travaillé physiquement, je me sens mieux et je me fais davantage confiance. »

Tu as découvert le monde professionnel sur le tard, à 29 ans, après une saison remarquable avec Louhans-Cuiseaux en 2022/23 (13 buts et 5 passes décisives en 28 matchs), où tu es resté pendant 16 ans. Comment s’est passée ton adaptation à ce nouveau niveau ?
A.L : « Déjà, il y a les infrastructures. À Louhans-Cuiseaux, c’est de la N2, donc il n’y a pas les mêmes moyens. La préparation des matchs et des entraînements est aussi différente. Ici, quand on arrive le matin, tout est déjà installé, on sait ce qu’on doit faire. L’intensité change également. Cela m’a fait bizarre au début, car j’avais passé 16 ans dans le même club et j’étais habitué à un certain rythme. Mais c’est une différence positive (rire). À côté, j'ai commencé à travailler comme paysagiste, ensuite j'ai eu des problèmes au dos, j'ai fait beaucoup de renforcement. Ensuite, j'ai travaillé à l'usine pendant 5 ans où je faisais les deux huit, 4h/12h ou 12h/20h. Quand c'était le créneau du matin, je m'entraînais l'après-midi, et lors du midi/vingt heures, je m'entraînais généralement seul le matin puisque le groupe s'entraînait l'après-midi. »

C’est quand même une belle histoire qui peut donner espoir à des jeunes qui n’ont pas eu la chance d’intégrer des centres de formation.
A.L : « Exactement. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas passé par un centre qu’on n’a pas cette chance-là. Ici à Annecy, on te donne cette opportunité, et c’est ça qui est beau. J’espère que les jeunes vont prendre exemple et ne vont pas lâcher leurs rêves. Je suis arrivé sur le tard dans le monde pro, mais il ne faut jamais arrêter de croire en ses rêves. »

As-tu beaucoup travaillé sur ton physique pour te préparer à ce saut vers le monde professionnel ?
A.L : « Avant d’arriver ici, je m’étais blessé à la cheville, donc je n’ai pas pu trop travailler physiquement avant ma venue. Je suis arrivé un peu en surpoids, et j’ai dû perdre ce poids au fil de la saison tout en essayant de m’améliorer physiquement, même si cela a été difficile. L’été dernier, pendant les vacances, j’ai beaucoup travaillé individuellement chez moi pour être prêt à jouer 90 minutes dès la rentrée. L’année dernière, c’était impossible pour moi. J’ai encore beaucoup de travail à faire, mais tous les jours, j’essaie de repousser mes limites pour pousser un peu plus mon corps et mes capacités. »

Tu es un joueur technique et rapide dans les petits espaces, comme tu l’as démontré avec ton superbe but contre Laval. En quoi cette technique est-elle un atout pour toi à ce niveau ?
A.L : « Ça peut être utile puisqu’en Ligue 2, ça défend très bien. C’est utile pour éliminer son vis-à-vis et créer un décalage. Si j’élimine mon vis-à-vis, je me retrouve généralement face au central, et ça libère mes coéquipiers qui peuvent faire des appels. Je ne suis pas le plus rapide, donc techniquement, je dois être au-dessus pour apporter quelque chose à l’équipe. »

Cette année, tu as marqué trois fois pour trois buts différents : de la tête, sur une récupération après corner et donc le but que tu t’es créé contre Laval. Ça fait quand même une belle palette offensive !
A.L : « Un attaquant est là pour marquer des buts, mais le plus important, c’est de réussir à finir les actions. Quoi qu’il arrive, que ce soit de la tête ou sur corner, il faut être là où on nous demande d’être. Pour moi, le plus important, c’est de marquer et d’aider mes coéquipiers. »

 
 
 
 
 
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En 56 matchs officiels sous le maillot des Reds, tu as inscrit 10 buts et délivré 10 passes décisives, ce qui fait de toi l’un des joueurs les plus décisifs du FCA sur les deux dernières saisons. T’attendais-tu à un tel impact à ton arrivée, et à jouer un rôle aussi important ?
A.L : « Pas du tout. J’arrivais ici un peu sur la pointe des pieds avec un sentiment de découverte. Je me suis dit qu’il y avait un gros écart sur beaucoup d’aspects : est-ce que j’allais pouvoir m’adapter, être aussi impactant ? Mais je savais aussi que si j’en avais l’occasion, je pouvais le faire. J’ai toujours été assez adroit devant le but et j’ai fait beaucoup de passes décisives. Je suis à l’aise dans les deux situations. C’était un peu un pari. Le jour où Jean-Philippe Nallet m’a fait confiance, il ne m’a pas lâché. Il m’a appelé pour la première fois en 2019 et on s’appelait assez régulièrement. Il s’est peut-être dit que, vu mon âge, il fallait essayer. Depuis, j’essaye de lui rendre la confiance qu’il m’a donnée, et je suis content que ce soit positif. »

Cette saison, tu es déjà l'un des joueurs les plus décisifs du FCA avec Trevis Dago et Yohan Demoncy, avec 3 buts et 4 passes décisives. Est-ce que la bonne dynamique de l'équipe te pousse à te surpasser ?
A.L : « Je pense que ça marche avec le collectif. Tout attaquant, de n'importe quel niveau, ne peut rien faire tout seul. Cette année, on a 14 buteurs différents (toutes compétitions confondues), c'est ça qui fait aussi que le groupe marche bien. Je suis content qu'on soit dans cette dynamique et j'espère qu'elle se poursuivra en deuxième partie de saison. »

Quel bilan tires-tu de la première moitié du championnat ?
A.L : « Très positif. On fait vraiment une partie de saison intéressante, que ce soit dans le pressing ou dans le contenu. On a gagné pas mal de matchs, le maintien sera normalement acquis plus rapidement que l'an passé. L'objectif du maintien, on est content de l'obtenir. Une saison, c'est long, mais plus longtemps on est dans le haut, mieux l'équipe se portera. Jouer le haut de tableau, c'est intense et intéressant. Tous nos matchs jusqu'à la fin de saison seront durs, il n'y a pas de match facile, et on n'a pas le droit au relâchement ici. On l'a vu contre Guingamp, je pense qu'il faudra maintenir le rythme. »

Vous êtes actuellement 5e de Ligue 2, une position que peu auraient prédite en début de saison. T'attendais-tu à un tel classement ?
A.L : « Objectivement, non. L'an passé, on l'a vu, on s'est maintenu sur les 10 derniers matchs, mais on a maintenu la dynamique de la fin de la saison dernière, et c'est ça qui est beau ! C'est ça qui nous porte aujourd'hui. »

Quelles sont vos ambitions pour la suite ? Et quelles sont les tiennes, plus personnellement ?
A.L : « Collectivement, j'espère qu'on donnera le maximum de nous sans avoir de regrets, quel que soit le classement, qu'on soit le plus haut possible et qu'on se fasse plaisir. Si on peut titiller le haut du classement, il ne faut pas se mentir, ça fait toujours plaisir. Personnellement, c'est de continuer à jouer, à être titulaire et que le coach me fasse confiance. Apporter des choses à l'équipe avec mes qualités, et si je peux marquer encore un peu ou faire des passes décisives, c'est avec plaisir (sourire). »

 
 
 
 
 
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Est-ce que tu te rappelles contre quelle équipe tu as marqué ton premier but en Ligue 2 ?
A.L : « C'était Dunkerque lors du troisième match de la saison. Je commence sur le banc avant de rentrer à la douzième minute pour remplacer Bosetti qui s'est blessé. Je me fais plaisir, je profite du moment avant de me retrouver devant le but, Yacouba Barry me donne le ballon, je n'avais plus qu'à finir. »

Tu as été décisif lors des trois confrontations contre cette équipe (2 buts l'an dernier, une passe cette année). On dirait que c'est un adversaire qui te réussit bien ! Peux-tu nous parler de tes émotions lors de ton premier but en pro ?
A.L : « Honnêtement, tout se mélange ! À ce moment-là, on ne se rend pas compte ! Sur le moment, je le célèbre normalement et 30 secondes après, sur le terrain, je me dis "mais whoa, j'ai marqué mon premier but" (rires). Sauf que tu n'as pas le temps de te dire ça, je me suis vite remis dans le match. À la fin du match, je suis allé voir directement toute ma famille qui était là. On ne s'attend pas à ce que ça aille aussi vite, c'est des bons moments. »

Comment abordes-tu la rencontre contre Dunkerque, l'autre grande surprise de cette saison ?
A.L : « Honnêtement, on l'aborde comme les autres matchs. Ça va être difficile, c'est une très bonne équipe qui est en forme. Je pense qu'eux aussi s'attendent à un match compliqué. Ce sera un match de haut de tableau, même si personne ne nous attendait là-haut, et on va tout donner pour gagner à la maison. »

Enfin, parle-nous d'Antoine Larose en dehors du football : comment occupes-tu ton temps libre ? Quelles sont tes passions ?
A.L : « Je suis quelqu'un de très simple. Depuis la naissance de ma fille, on joue avec des jouets, on l'accompagne, on essaye de la faire grandir, on va dire. Avant, je jouais au padel, je faisais des petites balades l'après-midi. »

M.T. 

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