Après avoir mis un terme à sa carrière de joueur, Jonathan Gonçalves, désormais membre des bureaux du FC Annecy, se confie sur son parcours, la transition vers une nouvelle identité professionnelle et ses ambitions pour l'avenir du club. Entretien sur la reconstruction personnelle, les défis à venir et son envie de contribuer à l'évolution du club tout en préservant ses valeurs.
Jonathan, 9 mois après la fin de ta carrière, comment vas-tu ? J.G : « C'est une très belle image qui me vient directement. Aujourd'hui ça va, il y a eu une grosse période de renaissance, c'est le terme approprié. Une reconstruction d'une nouvelle identité, en tout cas d'une identité complémentaire à celle qui pouvait être la mienne en tant que joueur. Ça a été un grand bouleversement personnel d'arrêter mon aventure. Même en l'ayant préparée et en ayant travaillé sur les derniers mois sur le fait d'y mettre un terme, ça m'a bousculé. Dans mon quotidien, dans mon rythme… Ça permet aussi de prendre conscience que j'étais dans un rythme qui me convenait très bien, mais qu'il fallait se reconstruire personnellement, en dehors d'un collectif. C'est ce qui m'a manqué pendant longtemps : cet aspect de rythme des entraînements, retrouver les copains, un vestiaire, l'effort physique ensemble. »
Au quotidien, qu'est-ce qui change quand tu stoppes ton aventure ? J.G : « Tout ! Honnêtement, beaucoup de choses, même si quelque part, le choix de continuer l'aventure au sein du club me permet de rester dans ma maison et de rester dans un environnement que je maîtrise, que je connais, dans lequel je me sens bien et dont je peux parler avec le cœur et avec passion. Ça n'a pas été simple de retourner à l'entraînement, dans le vestiaire, aux premiers matchs, d'être en tribune et de se sentir extérieur au collectif. Je ne connaissais pas vraiment ça. C'est un challenge personnel important, mais avec la chance d'être toujours dans le milieu et d'avoir un sujet intéressant à travailler. Ma volonté a toujours été de servir le club et je pense que j'étais arrivé au terme de ce que je pouvais faire en tant que joueur. »
Tu peux nous parler de ton dernier match contre le SCO d'Angers ? J.G : « Whoa… On m'en a beaucoup parlé, je pense que ça m'a autant marqué que les gens. Je ne m'attendais pas du tout à ça et quand j'en parlais avant le match avec les copains dans le vestiaire, tout le monde me chambrait un peu en me disant que ça allait être émouvant et qu'il fallait se préparer. Moi, je disais : "C'est bon, c'est un match de foot, je suis fort, ça ne va pas m'impacter plus que ça." Et ça a été très émouvant pour moi ! Il y a eu beaucoup d'émotions qui sont ressorties sur l'espace d'une journée. Prendre conscience que c'était le dernier après-midi, la dernière collation, la dernière mise au vert, le dernier speech, l'échauffement… J'ai eu du mal à réaliser ce qui se passait, mais j'en garde un super souvenir. Je tiens à remercier une nouvelle fois tout ce qui a été fait par le club, les joueurs, le staff, les supporters… C'était un vrai témoignage d'amour. J'en parle toujours avec émotion et je suis content que ça se soit fini de cette manière. L'issue collective était favorable avec le maintien. Finir à la maison, c'était la fin rêvée. »
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En 26 ans sous les couleurs du club, si tu devais ne retenir qu'un souvenir, lequel ce serait ? J.G : (Il réfléchit) « Je n'arrive jamais à répondre à cette question parce que j'ai eu la chance de vivre quasiment que des émotions positives. Forcément, il y a eu des périodes difficiles avec des blessures, des moments où je jouais moins, le maintien, mes amis qui partaient… mais à chaque fois, ça s'est bien fini et c'est ça qui est incroyable dans cette aventure-là. Si je dois en ressortir un seul, tout en valorisant tous les autres puisque je les mets tous au même niveau, ce serait la montée de CFA 2 en CFA. Déjà, sur le moment, on l'a fêtée dignement. On était à Bastia, le groupe était quasiment au complet, il y avait des partenaires… L'atmosphère et l'énergie étaient assez particulières sur cette montée. Ça signait un peu l'apogée d'un groupe de copains, de la meute, j'ai envie de dire d'un football différent. Derrière, il y a eu de super belles choses, mais c'était différent. »
Après avoir stoppé le foot à haut niveau, tu es resté au club mais dans un rôle différent. Peux-tu nous en parler ? J.G : « Il y avait une vraie volonté commune de continuer l'aventure ensemble. C'est-à-dire que les dirigeants avaient cette envie de m'inscrire dans la continuité au sein du club. L'envie était partagée de mon côté, j'avais une vraie envie et c'était un véritable engagement pour moi de pouvoir poursuivre l'aventure et continuer à œuvrer pour que le club continue de grandir. Je m'ouvrais à plein de choses. Ce qui me caractérise depuis que je suis là, c'est mon engagement collectif, donc je n'avais pas forcément d'attentes précises. L'opportunité d'intégrer l'équipe commerciale s'est présentée. On en avait parlé à la trêve précédente avec Jean-Philippe Nallet puis avec Anthony Lemaire et je savais que c'était un peu dans les tuyaux. C'est donc cette proposition-là qui m'a été faite : intégrer les bureaux, la cellule de développement commercial et la gestion des partenaires. Sachant que dans mon parcours, j'ai eu la chance de faire mes études, d'obtenir mon master et de travailler pendant huit ans dans le monde de l'entreprise, notamment dans la finance, avec un rôle commercial et relationnel, ça semblait s'aligner dans l'esprit des dirigeants. Il leur paraissait pertinent que je m'inscrive dans ce rôle-là, d'autant plus avec l'historique que j'ai au club. Ce qui m'a plu, c'est l'aspect humain, pouvoir parler de mon club et le mettre en avant. »
Quelles sont tes missions ? J.G : « Elles sont construites au fil du temps et sont évolutives. C'est ça qui est riche. Il y a des missions purement commerciales, comme le renouvellement des partenaires, la fidélisation, et aussi, si je puis dire, leur accompagnement tout au long de la saison pour maintenir le lien. Il y a également le développement commercial afin d'accroître le nombre de partenaires, un sujet important pour nous, notamment dans la construction du modèle économique. Au-delà de l'aspect commercial, j’avais également envie d'appréhender le club dans sa globalité pour faire en sorte de contribuer à son évolution, il me fallait découvrir le club différemment. »
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Comment vois-tu l’avenir du club ? J.G : « Je le veux, je l’espère et je le vois radieux (rires).. J’ai confiance en nos dirigeants et en ceux qui prennent les décisions pour guider le club vers quelque chose de beau et de pérenne, en accord avec notre identité et notre ambition. C’est aussi pour cela que j’ai voulu continuer l’aventure. Le discours de Sébastien Faraglia sur sa vision du club, où il veut l’amener , ça correspond parfaitement à ce que je recherche. Toujours est-il qu’il faut trouver un véritable équilibre. Le club est monté très vite, il est en reconstruction et doit encore franchir des paliers pour être pleinement au niveau professionnel sur tous les aspects. Je pense notamment aux infrastructures, au centre de formation, au stade… Il y a encore du travail à faire sur certains sujets, avec de gros enjeux. Tout cela, bien sûr, en conservant notre identité territoriale, familiale et nos valeurs. Cette proximité et cette convivialité qui nous caractérisent. C’est en cela que c’est un formidable challenge : continuer à grandir tout en restant fidèles à ce que nous sommes. Pour moi, il est essentiel de ne pas perdre cette notion de vue. C’est exactement ce que nous sommes en train de faire : rester authentiques dans notre évolution tout en poursuivant notre progression. Dans cette construction plus globale, mon ambition serait de réussir à embarquer tout le territoire avec nous. Je parle des supporters, des passionnés de football présents partout en Savoie et en Haute-Savoie, mais aussi des partenaires et des entreprises locales, pour qu’ils adhèrent pleinement au projet sportif, sociétal et environnemental qui dépasse largement le cadre du football. On met beaucoup en avant l’aspect sportif, mais de nombreuses actions sont également menées en dehors du terrain. Les initiatives sociétales, environnementales et citoyennes sont pour moi des sujets fondamentaux, car en tant que club, nous avons un rôle important à jouer au sein de la société. »
Quel rôle aimerais-tu y jouer ? J.G : « Je suis encore dans une phase de transition concernant ce que je vais pouvoir apporter car j’aimerais contribuer encore davantage au développement du club. Beaucoup de personnes me posent la question de coacher, de retourner sur le terrain, et l’un des sujets abordés a été d’adapter l’évolution de ma carrière en fonction de mes envies et des besoins du club. Aujourd’hui, j’occupe ce poste de commercial, mais rien n’est figé et peut-être que d’autres opportunités se présenteront. A terme, je ne mets pas de côté l’idée d’entraîner et de transmettre en complément. Pour moi, c’était trop tôt. Je ne voulais pas prendre de décision hâtive juste après la fin de ma carrière de joueur. J’avais besoin de prendre du recul et de faire le point mais les réflexions avancent. J’ai une vraie volonté de transmettre aux jeunes, de leur rendre ce que l’on m’a donné. Je suis ouvert à tout, tant que cela a du sens et que cela m’anime. »
M.T.